La série des Fallout, c’est une longue histoire. Le premier jeu, sorti en 1997, et sa suite, dévoilée un an plus tard, plongeaient le joueur dans un environnement post-apocalyptique; le résultat de la grande guerre de 2077, où en l’espace d’une poignée d’heures, un échange (intense) de têtes nucléaires se produisit entre les Etats-Unis et la Chine. Le troisième volet de la saga, sorti en automne 2008, est enfin “terminé”; tout les contenus additionnels, les DLC, ont été livrés aux joueurs. Les cinq add-ons seront pris en compte lors de cette critique, puisqu’une édition “Game of the Year” sortira dans quelque mois; qui contient le jeu et tous les packs.
Les fanatiques des deux premiers volets avaient énormément de doutes sur la qualité du troisième, étant donné le changement brutal de développeur — Black Isle Studios ayant passé la main à Bethesda Softworks. C’est donc le moment de placer une interrogation stéréotypée: MAIS QU’EN EST-IL VRAIMENT?
OBLIVION WITH GUNS!!!11!1
Comme les deux vidéos ci-dessus le montrent, Fallout 3 est un RPG… un FPS… eh bien, on ne sait pas très bien. C’est un mélange très étrange des deux, en fait. Il simplifie l’ancien système des deux premiers jeux (mais pas trop non plus) et rajoute un gameplay à la première personne. Vous avez donc des niveaux (le maximum étant de 30), des points de compétence à distribuer, et des “perks” (traits) à choisir à chaque niveau. Ces traits peuvent influencer vos compétences, ou alors vous donner des avantages; par exemple, une plus grande probabilité de toucher la tête de votre adversaire, des points d’actions en rab, une résistance améliorée, un point de S.P.E.C.I.A.L. en plus…
La création d’un personnage ne doit pas se faire à la légère, puisque votre S.P.E.C.I.A.L. (Strength, Perception, Charisma, Intelligence, Agility, Luck) détermine quasiment toute l’évolution de votre personnage. Par exemple, un personnage qui sera intelligent mais avec une chance en dessous de la moyenne sera capable de distribuer plus de points de compétence à chaque niveau, mais certains traits lui seront refusés; le “Mysterious Stranger”, notamment.
Les combats peuvent donc être joués de deux manières différentes; soit totalement comme un FPS classique, soit avec le Vault-Tec Assisted Targeting System, abrégé V.A.T.S., qui permet de viser des membres spécifiques avec la probabilité maximale de pouvoir toucher votre adversaire.
Chaque système a son avantage; par exemple, la condition de vos armes diminue plus rapidement avec le V.A.T.S., ce qui fait que des réparations seront nécessaires plus vite, et le nombre d’actions y est limité avant que vous ne soyez obligé d’attendre la récupération de vos points d’action (c’est heureusement accélérable avec un Nuka-Cola Quantum, entre autres). Chaque arme en consomme plus ou moins. Par exemple, il est possible de tirer cinq coups avec un 10mm, mais seulement deux avec un Combat Shotgun!
La partie combat n’est malheureusement pas le point fort du jeu — bien qu’elle soit à de (trop) rares occasions intéressante. Le V.A.T.S. n’a aucune raison d’être sur PC, et la visée libre ne sert à rien avec un pad entre les mains…
Comme dans les précédents jeux, il y a aussi un système de karma, utilisé dans les dialogues et pour parler de vous à la radio. Lesdits dialogues sont d’ailleurs un des points forts du jeu, car d’un personnage à l’autre, le moindre trait, la plus petite différence dans les compétences peut changer l’issue d’un dialogue. Une compétence (Speech) est d’ailleurs fort utile; je vous recommande de la maximiser!
Du côté de la trame scénaristique et des quêtes
Le jeu est encore plus bizarre de ce côté. Vous avez énormément de quêtes annexes qui sont disponibles, mais vous n’êtes pas spécialement encouragé à les effectuer — sauf au début du jeu, là ou vous êtes complètement harcelé et noyé sous les possibilités. Ces objectifs secondaires constituent une épée à double tranchant, vu que vous pouvez en théorie rencontrer une Deathclaw (c’est très méchant) dès le début du jeu. Vous pouvez d’ailleurs carrément sauter certaines quêtes principales, mais (et c’est d’ailleurs bien une des seules fois) le jeu ne réagit pas en bugguant; au pire, vous aurez une ou deux contradictions.
La quête principale n’est pas forcément passionnante, mais elle à le mérite d’être consistante et pas trop ennuyeuse pour le joueur; elle vous emmène en effet aux quatre coins de Washington D.C. (enfin, de ce qu’il en reste), ce qui à pour effet secondaire de vous disperser. Exemple (vécu): bon, alors, faut que j’aille récupérer l’argent de Moriarty dans le village détruit — ah mais le Super-Duper Mart est sur ma route ça tombe bien je dois chercher de la nourriture et des soins pour le guide de survie de Moira Brown oh et tiens c’est quoi ça, etc.
En pratique, c’est plutôt sympa.
Boogie Man
Le doublage est de bonne qualité (n’allez surtout pas sur la version localisée en français, pauvres fous), mais ce qui fait surtout plaisir aux tympans, c’est la bande-son! Non seulement Inon Zur a composé des musiques d’ambiance, discrètes et bien adaptées, mais une des radios recevables sur votre Pip-Boy (votre assistant personnel) joue du jazz qui date de la première moitié du 20ème siècle. Défoncer du Super Mutant Behemoth avec Butcher Pete de Roy Brown, voyager la nuit avec Rythm For You d’Eddy Christiani, prendre part à un combat épique avec Boogie Man de Sid Phillips (d’ailleurs ajoutée à la playlist de CG Tunes, il me semble)… c’est inégalable, c’est unique, c’est génial.
Add-ons
Operation: Anchorage n’est pas intéressant, et est même médiocre. Pourquoi? Non seulement il casse complètement l’ambiance du jeu en vous projetant dans une simulation virtuelle, qui vous place dans la peau d’un soldat américain dans la conquête de l’Alaska; mais le plus gros défaut est qu’il se base presque entièrement sur un des points faibles de Fallout 3: le shoot. Cinq heures de FPS mal foutu. C’est absolument horrible.
Heureusement, les graphismes ne sont pas trop mauvais; ça rattrape le niveau… ça et le loot que vous obtenez à la fin de la simulation, et c’est tout! Ne vous attardez pas directement sur celui-là, ce n’est rien d’autre qu’un ersatz de FPS militaire.
The Pitt est plus intéressant, car il vous offre la possibilité d’aller dans l’endroit éponyme. Il s’avère qu’après avoir capté une fréquence de SOS sur votre Pip-Boy, un esclave en fuite va vous apprendre la triste histoire de ce lieu ravagé par une radiation bien supérieure — l’eau est tellement irradiée que, si vous sautez du pont il est possible de mourir des émanations avant de toucher l’eau — et des agents toxiques uniques.
Le mélange des deux actifs susmentionnés ne va pas vous faciliter la tâche. C’est vraiment un ajout sympa, quoi qu’un peu plus court que les autres packs — mais ne nous plaignons pas, trois/quatre heures de jeu en plus ne sont pas à refuser.
Broken Steel est le meilleur des cinq DLC, puisqu’il augmente votre limite de niveau de 20 à 30 — et pour l’occasion, des traits sont rajoutés! Plus besoin de laisser la quête principale en suspens, puisqu’avec cet add-on activé, le jeu ne finit pas. Broken Steel est la continuation de la quête principale; là ou vous vous sacrifiez (ou pas) à la fin de Take It Back!, vous vous réveillerez deux semaines plus tard et aurez d’autres objectifs, toujours liés à la quête principale d’origine, à accomplir.
A noter que votre décision lors de [ATTENTION SPOILER] la reprise du purifieur d’eau aura des répercussions sur toutes vos aventures à suivre. L’injection du virus anti-mutation du président Eden n’est pas sans effet sur vous, contrairement à ce qu’il dit; boire trop d’eau peut vous tuer, entre autres.
Point Lookout vous propose de prendre un vieux bateau à moteur (et je rage encore sur le prix des tickets, moi et ma compétence “Barter” doivent payer 400 Bottle Caps par trajet) pour vous rendre sur la péninsule éponyme. Il est d’ailleurs à noter que votre trajet dure longtemps, malgré le fait que vous, le joueur, ne voyez qu’une ellipse temporelle (la date sur le Pip-Boy avance d’un mois). Bref. Vous avez une sorte de mini Capital Wasteland, sauf que vous pourriez remplacer “Capital” par “Campagne Normande”!
Je n’ai pas encore fini cet add-on, mais le temps que j’ai jusque-là gaspillé dessus n’est pas regretté de ma personne.
Mothership Zeta? C’est un add-on de série B! Des pistolets aliens qui font BZOUP BZOUP, des gros OVNIs qui font BOUM, des extraterrestres qui font WRRRYYYYYYY; je pense que vous avez compris, c’est à la fois du n’importe quoi et du sympatoche. Si ce DLC est activé, votre premier passage (que vous ne pouvez pas louper puisque le signal de détresse est amplifié et marqué sur la carte. PETIT JOUEUR.) vers le site de crash du vaisseau alien déclenchera une jolie cinématique en temps réel ou vous verrez votre avatar (enfin, deux mains) paniquer pendant qu’il se fait happer par un MAGNIFIQUE rayon bleu stéréotypé.
Le vaisseau est confus, mal foutu vers le début, mais ça s’arrange après le premier quart, donc c’est pas grave. Ah, et vu que vous êtes dans un vaisseau extraterrestre même que vous allez faire une sacrée mutinerie entre prisonniers, je vous préviens à l’avance de trois choses.
- Vous allez voir à quoi la Terre ressemble en 2277 après le passage des bombes nucléaires, et ça c’est AWESOME.
- Vous allez prendre part à un ersatz de Dead Space, puisque vous allez sortir dans l’espace (avec une combinaison, cela va de soi).
- Vous allez attaquer un bon gros OVNI. Pas de l’intérieur, hein. Un autre.
Du côté technique
Je voulais faire une grande section bien détaillée, mais la probabilité que je fusse le seul à m’intéresser à des détails techniques (au point d’apporter quelques modifications directement dans les fichiers de configuration du jeu) est malheureusement trop grande, d’ou la rapidité de mes propos. Fallout 3 est techniquement à la ramasse; et ce sur plusieurs plans. FO3 arrive à produire un écran bleu sous Windows 7 RC x64; et il est doté de bugs ridicules tels que ceux ci:
- Il y a un court délai de restauration d’inventaire lorsque vous sortez de la simulation d’Operation: Anchorage. Il suffit de placer n’importe quoi qui puisse contenir des objets (le cadavre de Gary 23 présent dans une salle juste à côté, par exemple) sur votre siège lorsque vous entrez dans le pod, et lorsque vous terminez la simulation, vous vous arrangez pour que votre vue soit placée sur votre stockeur d’objets, et hop! Vous foutez tous les objets dans le cul de Gary 23 (j’ai été obligé de le positionner comme ça, désolé Gary), vous attendez de sortir complètement de la simulation, et vous récupérez tout votre inventaire spécial.
- Le bug susmentionné peut-être combiné avec les distributeurs de munitions de la simulation qui vous donnent des munitions jusqu’à un certain seuil; cependant, le distributeur ne vérifie pas si vous avez laissé tomber les munitions qu’il vous a donné par terre. FUCK YEAH 32000 BALLES DE 10MM
- Un des cinq ennemis uniques (les Behemoths) à un problème de path-finding absolument path-étique (IT’S A PUN).
- Etant donné que le V.A.T.S. vous téléporte à portée de votre ennemi si vous choisissez d’en attaquer un avec une arme de mêlée, vous pouvez complètement annuler
les dégatsla mort que vous auriez subi autrement après une chute de cent mètres.
Il y en a d’autres, mais bon. Contrairement aux jours de lancement des DLC ou les jeux de certains utilisateurs (xBox 360 aussi) se retrouvaient corrompus, aucun de ces problèmes n’empêche de jouer au jeu correctement. C’est toujours ça…
Le moteur Gamebryo (aussi utilisé dans Oblivion) se débrouille assez bien avec le “chargement en streaming”, mais au niveau graphique, c’est du haut de gamme. De 2006. Et encore, je suis gentil. Mais avoir un moteur un peu vieux n’empêche pas les développeurs de faire du bon travail (regardez TF2); le point noir dans le facteur immersion de Fallout 3 est l’ABSENCE TOTALE D’EXPRESSION FACIALES. C’est très amusant de voir une personne paniquer ou pleurer d’un coup sans qu’elle ne change de tête. Tss.
Les animations sont également extrêmement rigides; tous les personnages ont l’air constipés. Oui, ça a l’air con (et eux aussi), mais c’est vraiment comme ça!
La conclusion en une phrase
Malgré ses points faibles, comme des entorses à l’histoire des précédents jeux et le côté FPS très moyen, ce qui fait qu’il mérite bien le surnom de FAILOUT de temps en temps, Fallout 3 est un excellent bouffe-temps, au point même que je vous recommande, si vous avez un ordinateur portable assez puissant, de l’emmener et d’y jouer avec un pad, tranquillement, là ou vous voulez.
Merci pour cette critique !! Après avoir terminé Fallout, Fallout 2 et Fallout tactics, je pensais être un fan inconditionnel de cette saga. Mais l’ambiance des premiers softs ne m’a pas vraiment l’air respectée (le passage à la 3D sans doute) pour m’inciter à investir, surtout si le scénario est moyen