Bioshock est sans nul doute l’un des meilleurs jeux de cette génération, si ce n’est le meilleur, et chacun sait qu’en aucun cas il ne nécessite une suite. Et comme beaucoup, si Bioshock 2 ne me gênait pas le moins du monde, je préférais faire preuve d’un désintéressement total à son égard. Pourtant, avec l’offre spéciale d’amazon.fr me permettant d’acquérir pour seulement 20€40 Bioshock 2 en édition Rapture ainsi qu’une figurine collector de Little Sister, l’achat m’a paru plus que nécessaire.
Je tiens tout d’abord à préciser que ceci n’est en aucun cas un test de Bioshock 2, mais plutôt un billet découverte relatant mes premières et véritables impressions sur ma première partie. Il me semble nécessaire, voire primordial, de recommencer plusieurs fois le jeu pour en cerner objectivement son contenu et sa valeur. Ceci étant dit, commençons.
Ma foi, c’est un bon début !
J’ai longuement hésité entre l’édition Rapture et la véritable édition collector de Bioshock 2. Cette dernière semblait pourtant exceptionnelle, mais à 40€, même si à ce prix cela semble donné, cela faisait toujours 20€ de trop par rapport à l’édition Rapture. Peu importe, je ne regrette pas mon choix.
L’édition Rapture propose donc le jeu en version simple ainsi qu’un artbook très complet présentant Chrôsomes, personnages, armes ou encore interface. Très joli, très complet, cet artbook joliment fini est un plus non-négligeable pour qui s’intéresse à l’histoire de Rapture, la cité sous-marine. La figurine Little Sister offerte par amazon.fr et d’une valeur de 29€99 est elle aussi d’excellente qualité.
Commandé samedi après-midi, reçu mardi matin.
Je retire les blisters à la hâte et pose fébrilement la galette dans le lecteur. Jouez à la suite de l’un de ses jeux préférés, finalement ce n’est pas rien. Dès le menu je retrouve l’ambiance si chère à Bioshock: épuré, simple, clair et furieusement old-shool. Je sélectionne le mode solo, puis « Nouvelle partie ». C’est parti.
La cinématique de début est simplement parfaite. Enfin, on voit, enfin, on sait. On sait ce qu’était Rapture à son apogée, belle, somptueuse, magnifique. Le paradis sous-marin de Ryan est bien réel. Et vous voilà protecteur, de la série Delta parait-il. Votre petite sœur Eleanor vous entraîne tranquillement au travers de différentes salles. Où est-elle ? Vous l’avez perdu! Ici! Des hommes qui tentent de lui dérober son Adam, tuez-les!
C’est à ce moment-là que mes doutes au sujet de Bioshock 2 se sont envolés. Peut-être un peu vite.
Utilisez le plasmide électrique pour immobiliser et la foreuse pour terminer !
Sujet Delta, le personnage du jeu, se réveille 10 ans plus tard. 10 ans que Sofia Lamb vous a contraint au suicide. Le rêve de Rapture s’est évidemment écroulé. Après la mort de Ryan et de Fontaine, résultat de l’épopée du premier Bioshock, Sofia Lamb semble être devenue la nouvelle maîtresse de la cité. Elle contrôle une armée de Chrôsomes nommée « La Famille » et détient en captivité votre petite sœur, Eleanor. En tant que protecteur, vous avez tissé avec elle des liens importants et l’enfant n’hésite pas à vous appeler papa. Vous n’avez plus qu’un seul objectif, la retrouver, et un certain Sinclair semble vouloir vous y aider…
Quoi qu’il en soit, le déroulement de Bioshock 2 est très similaire à celui de Bioshock. Au travers de niveaux aux level-design bien différents, des objectifs précis sont à remplir, que ce soit pour votre intérêt personnel ou pour celui des personnages secondaires. Rien de bien nouveau en somme si ce n’est que les développeurs ont désiré mettre en avant la force de l’océan sur le métal de Rapture. Ainsi la vie s’est elle aussi acclimatée à la cité et la faune et la flore sous-marine se sont peu à peu installées dans cet enchevêtrement d’immeubles. Il n’est pas rare de voir des poissons ici ou là, ou des plantes aquatiques d’une beauté à couper le souffle. Alors oui c’est le même moteur graphique que Bioshock, mais on sent de suite qu’il est bien mieux maîtrisé et ça, ça fait plaisir.
Attirez son attention et vous le regretterez, la Grande Soeur est agile, puissante et rapide.
Bioshock 2, c’est un rêve qui se réalise.
Pourquoi ? Car n’oublions pas que Sujet Delta, le personnage principal, est un protecteur et que, dans Bioshock, on a tous rêvé d’utiliser cette foreuse surpuissante, de porter ce casque trop cool et ce scaphandre trop hype. Bref, être protecteur, c’est l’aboutissement d’une vie d’excès et de colère, l’aboutissement d’une sacrée pu**** de bonne vie quoi!
Delta n’est d’ailleurs qu’un prototype, ce qui lui confère avantages et inconvénients. Bien évidemment, il est moins puissant qu’un protecteur en phase finale, mais lui, il peut utiliser tous les plasmides qu’il trouve, et ça c’est fichtrement bon. Car on est d’accord, Bioshock sans les plasmides, ce n’est simplement pas Bioshock. Je vous laisse dès lors imaginer le résultat du combo électricité-foreuse. Jouissif. D’autant que le gameplay de Bioshock 2 a été revu, et en bien. Notre pauvre Jack du premier Bioshock n’avait en effet pas la force d’utiliser à la fois plasmides et armes ce qui posait l’inconvénient de sans cesse switcher entre les deux. Mais en tant que protecteur, vous êtes boostés à la testostérone et porter une mitrailleuse lourde d’une seule main, ça ne vous pose pas vraiment de problèmes. Il est donc possible de créer des suites d’attaques assez impressionnantes, et la force des plasmides s’expriment ici complètement. C’est pêchu, jouissif et rapide. Voilà d’ailleurs pourquoi Bioshock 2 est résolument plus tourné vers l’action que son aîné.
Laissez tomber mitraillettes et autres pistolets, en tant que protecteurs, vous vous devez de posséder des armes de protecteurs. Outre la fameuse foreuse qui une fois upgradée à fond devient une machine de tuerie hallucinante et la mitrailleuse lourde permettant un tir soutenu et puissant, vous aurez accès à un pistolet à rivets, à un fusil à harpon ou encore à un lance-grenades. La clé à molette du premier opus semble bien ridicule car dès le début du jeu, vous possédez une puissance de feu (pistolet à rivets) et de mêlée (foreuse) assez impressionnante, voire abusive. Le temps où l’on se sentait sans cesse en danger est terminé. Le potentiel oppressant de Bioshock en prend un coup, et pas un petit.
Vous vous souvenez des phases de piratages bien lourdes où vous deviez assembler différents éléments pour faire naviguer un fluide du départ à l’arrivée du puzzle ? Et bien rassurez-vous, ces phases-ci n’existent plus et laissent place à un système d’aiguille à arrêter au bon moment et au bon endroit basé uniquement sur les réflexes. Touchez le bleu et vous obtiendrez un bonus en plus de la réussite du piratage, le vert pour un piratage simple, le blanc pour une décharge électrique dans les dents et le rouge pour le déclenchement de l’alarme. Et tout ceci se fait au cœur de l’action, sans temps mort. N’espérez pas pirater une tourelle pendant que vous êtes attaqué pour arrêter le temps et être tranquille deux minutes, non, ici il vous faudra prendre vos précautions. Afin de faciliter votre travail de hacker, une nouvelle arme, ou plutôt un nouvel outil, fait son apparition: l’outil de piratage. Grâce à lui, vous pourrez lancer des fléchettes de piratages (vendues séparément) sur les machines et faire le boulot de loin, pratique. Encore mieux, il permet de placer en divers endroits des minis-tourelles, très utiles pour défendre une position.
Car vous devrez en défendre une pléthore de positions. Je le répète: vous êtes un protecteur. Et qu’est-ce que ça implique d’être protecteur ? Hein ? Ah oui voilà vous ouvrez maintenant les yeux. Jusque là je vous parlais des bons côtés de ce boulot, mais le mauvais n’en est pas moins primordial. Car être protecteur c’est avant tout adopter et défendre vos petites sœurs pendant qu’elles récoltent le précieux Adam sur les cadavres. Cet Adam qui permet d’acheter plasmides, améliorations et pouvoirs. Cet Adam qui est à la base de la déchéance de Rapture, au cas où vous auriez déjà oublié. Avant toute chose il vous faudra tuer l’actuel protecteur de la petite sœur que vous convoitez, puis vous aurez le choix entre la récolter, ce qui la tuera, ou l’adopter et ainsi faire en sorte qu’elle récolte de l’Adam pour vous. Les choix moraux sont donc une nouvelle fois de la partie mais n’ont guère d’importance dans le déroulement de l’histoire, si ce n’est la cinématique de fin qui évoluera, tout au plus. Dès que votre petite sœur remarquera un corps regorgeant d’Adam, elle vous fera signe. A vous ensuite de sécuriser intelligemment la position en usant de vos munitions, sans trop en gaspiller. Les différentes munitions de quelques armes sont d’ailleurs pensées pour la défense avec les rivets piégés ou les harpons électriques, à titre d’exemple. Une fois cela fait, ordonnez à la petite de récolter et apprêtez-vous à une déferlante d’ennemis en manque d’Adam. Ces phases alternant action et réflexion sont réellement prenantes et intéressantes, et je vous recommande chaudement de profiter des deux récoltes pour chaque petite sœur. Libre à vous ensuite de la sauver ou de la récolter près d’une manche à air.
Le nouveau système de piratage est bien plus efficace, bien plus simple aussi.
Bioshock 2, un jeu qui prend l’eau…
Plasmides, piratages et toutes autres particularités de gameplay sont primordiales à l’expérience Bioshock, pourtant ce qui fait la force de ce jeu, c’est bel et bien Rapture, cette cité utopique construite au fond des océans dont la descente aux enfers n’est dû qu’à cet Adam et à la vanité, la cupidité et la folie de ces habitants: « Le soleil leur manque. », disait-on.
Bioshock 2 prouve une fois encore que Rapture permet d’exposer une multitude d’idées de décors. Pourtant, comme dit plus haut, être oppressé est une émotion ressentie de nombreuses fois dans le premier Bioshock, et Bioshock 2 ne donne plus cette émotion. Bioshock c’est aussi les personnages qui y sont associés, regorgeant de charisme et de folie. Ryan, Fontaine et les autres ont donnés naissance à des scènes d’une rare intensité dans un jeu vidéo. La confrontation Ryan-Jack était absolument démentielle, magique, parfaite. La reconstitution du fameux tableau de Cohen démontrait en quelques secondes, alors que ce dernier descendait les escaliers, la folie suprême d’un homme. Voilà ce qu’était Bioshock. Non pas une démonstration technique, mais scénaristique.
Et voilà ce que Bioshock 2 n’arrive pas à faire. Si je devais résumer la comparaison entre Bioshock et Bioshock 2 en une phrase, ce serait: « Bioshock 2 est meilleur que Bioshock sur tous les points, sauf sur l’essentiel. ». Ses personnages manquent de charisme, de classe, sauf un, Gilbert Alexandre dans lequel j’ai retrouvé ce que j’adorais dans le premier épisode. Alors pourquoi ne pas l’avoir approfondi plus que ça ? Les cinématiques manquent de vie, elles ne sont plus choquantes, tout juste intéressantes. Le scénario est dans son intégralité cohérent, mais manque de saveur, d’intérêt et d’explications. N’espérez pas comprendre les quelques subtilités sans recueillir un minimum de fichiers audio.
Pendant qu’elle récolte, protégez-la !
Conclusion générale : Bioshock 2 est un bon jeu, un très bon jeu. Replonger dans Rapture, qui plus est dans la peau de l’un de ses protagonistes les plus importants, est un réel plaisir d’autant que le moteur graphique est bien mieux maîtrisé. Niveau action, il remplit ses promesses, et plus encore, en affinant avec brio son gameplay et sa manière d’appréhender les phases d’attaques et de défenses. Mais n’est pas Bioshock qui veut, et malgré une volonté affichée de vouloir rendre l’expérience intéressante et enrichissante, les développeurs n’ont pas réussi à rendre le scénario intelligent et choquant, les personnages emplis de charisme et d’intérêt et les émotions changeantes du premier opus. Bioshock 2 est l’excellente suite du jeu de l’année, et n’est rien de plus.
Images tirées de jeuxvideo.com
C’est assez ce que je pense globalement aussi.
Toutefois, je conseille à partir du moment ou on le commence de jouer jusque au bout, si tant est qu’on ne soit pas dégouté par le genre (en gros de ne pas arrêter parce que le scénar déplait).
D’abord parce que le scénar n’est pas si médiocre qu’il n’y parait au premier abord (mais il est clairement nettement moins bien présenté que dans Bioshock), et ensuite parce qu’il y a à un moment une phase de jeu que je qualifierai de juste fantastique, qui vaut clairement de s’infliger un scénario un peu moins maitrisé que celui du 1 (même si il est finalement assez correct -le scénar-).
Bref, comme je disais, du more of the same. Si vous voulez revivre Rapture, foncez, vous ne serez pas (beaucoup) déçu.
En fait, le problème ici, c’est que beaucoup de gens s’apprêtaient à revivre la découverte de l’univers. Or, c’est impossible. Jamais on ne pourra découvrir à nouveau cet univers qu’on connaît déjà. C’est malheureux, mais c’est comme ça ! 😀
Et c’est en ça que Bioshock 2 est fort ; plutôt que de faire une redite (forcément foireuse), il explore des parties différentes de l’histoire de Rapture. De mon côté je pense qu’il a, pour cette raison, une âme à part entière et qu’il est loin de se contenter de “n’être qu’une suite”, en somme.