LittleBigPlanet est indéniablement devenue, en l’espace de deux volets sur console de salon, une des licences fortes de Sony. Malgré un épisode relativement malheureux sur PSP, le jeu de plateforme mignon-tout-plein, conçu au sein des studios français de Media Molecule, a connu un important succès critique et a permis à Sony d’étendre sa palette de jeux grand public, au sein d’un catalogue qui en manquait un peu jusque là. Mais surtout, c’est en définissant un nouveau genre que LittleBigPlanet est parvenu à se faire un nom : le jeu de plateforme multijoueur ultra-personnalisable…
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LittleBigPlanet PS Vita
- Éditeur : Sony Computer Entertainment
- Développeur : Double 11, Media Molecule
- Type : Plate-forme
- Support : PS Vita
- Date de sortie : 19 septembre 2012
- Classification : 7+
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Petit-petit-Sackboy…
On pouvait craindre le pire à l’annonce d’un LBP pour PS Vita. En effet, l’unique incursion de la licence sur console portable (sur PSP) n’a pas franchement convaincu : malgré les efforts de l’équipe de développement, le jeu était manifestement trop à l’étroit pour s’exprimer correctement sur cette console. En outre, tout l’aspect multijoueur de la série était passé à la trappe. Cette fois, Sony n’a pas refait la même erreur. Ce LittleBigPlanet PS Vita affiche la couleur : il n’est pas un LBP « au rabais », mais bien un digne successeur de LBP 1&2 sur PlayStation 3.
On y retrouve donc tout ce qui fait le charme des « grands » volets, au point d’avoir une furieuse sensation de déjà-vu, dès le lancement du jeu. Le pod, la planète du joueur ainsi que sa lune, la communauté en ligne, les costumes téléchargeables… Niveau originalité, on repassera, mais il faut bien avouer que tout ça en jette sur la petite portable.
De sticks et de boutons
Le titre met toujours en scène un petit Sackboy, sorte de mini-sac de toile personnalisable à souhait, à travers divers niveaux constitués de patchworks et d’objets du quotidien. On retrouve le gameplay du jeu, reproduit au chouia près (avec cette inertie si particulière qui déplaît tant aux détracteurs de la série et aux inconditionnels de la plateforme by Nintendo), complété par les gadgets de LBP 2 disséminés à travers les niveaux (le lance-roquettes complètement cheaté, le grappin…). Même les mimiques de Sackboy, à réaliser à l’aide de la croix directionnelle (émotions), des gachettes et des sticks (mouvements de bras) ou de l’inclinaison de la console (orientation de la tête) sont de la partie pour égayer vos sessions multi. Il faudra toujours récupérer des objets de personnalisation et des bulles de score, en allant le plus vite possible à travers les mondes pour augmenter votre multiplicateur et réaliser le meilleur score…
Sur le plan graphique, le jeu est tout aussi léché que sur PS3, si ce n’est plus (mais peut-être est-ce le très bel écran de la PS Vita qui nous donne cette impression). On est véritablement en face d’un portage 100% fidèle aux opus de salon. Le charme opère toujours, les niveaux sont un savant dosage entre le classique et le neuf — mention spéciale au niveau « électronique », composé de vieux écrans cathodiques, lecteurs de disquettes et de CD-ROM, VHS… — bon, OK, ça n’innove pas des masses, mais la magie opère.
Notons enfin que la présence attendue de la communauté en ligne ne déçoit pas. On peut partager ses niveaux, jouer à ceux de la communauté, traverser le mode histoire à plusieurs, discuter avec ses amis… et que les aficionados de l’éditeur de niveaux se rassurent, le potentiel de customisation n’a clairement pas été revu à la baisse. Cette version PS Vita permettra au contraire de profiter de l’appareil photo intégré à la console pour apposer des autocollants personnalisés partout… tandis que l’écran tactile apporte un confort supplémentaire non-négligeable lors de la création de niveaux ou pour le chat textuel en ligne. Les quelques chanceux/paumés/inconscients (rayez les mentions inutiles) ayant sous la main une PS Vita 3G pourront profiter de toute l’expérience « en ligne » de LBP, même en plein déplacement… assez déconcertant !
Et c’est tout ?
Tout cela étant dit, on craint sérieusement l’absence d’originalité dans ce qui ressemble fort à un LBP 2,5. Et cette crainte n’est pas totalement infondée. La plus grande qualité de ce jeu (sa fidélité absolue aux jeux d’origine sur PS3) est également sa plus grande faiblesse : on est ici en terrain connu, rarement surpris. Cette similitude, cultivée et assumée, va jusqu’à la présence de DLC communs (certains costumes sont « cross-buy », ce qui vous permettra de les retélécharger sur PS Vita si vous les aviez acheté sur PS3) et d’un mode cross-play encore assez obscur (jouer sur PS3 avec la PS Vita comme manette). Je me permettrai un aparté critique sur cette stratégie de la part de Sony : s’il est appréciable de retrouver toutes les grosses licences « de salon » dans la poche (LBP, Uncharted, God of War etc.), il ne faudrait pas pour autant en oublier les petits jeux complètement pensés pour les portables, qui ont permis de voir naître des perles façon LocoRoco sur PSP… Bref, refermons la parenthèse et retournons à ce LBP PS Vita.
Sony a bien pris soin de placer quelques nouveautés ça et là pour justifier pleinement l’utilisation de la PS Vita. Cela se traduit principalement par la présence de nouveaux items, à activer à l’aide des pavés tactiles (avant ou arrière), ou à déplacer en inclinant sa console… Tantôt suffisamment disséminés et mesurés pour apporter un plus appréciable sans détériorer l’expérience globale de jeu, ces bonus deviennent parfois horripilants au détour de quelques niveaux où ils prennent le premier plan, malgré une jouabilité alors plus qu’approximative. Heureusement, ce deuxième cas reste rare.
Signalons également la présence de mini-jeux tout tactiles, répartis entre les niveaux, qu’il faudra débloquer avec des clés trouvés lors de vos parties. Globalement peu originaux (il s’agit souvent de remakes de jeux de plateau ou d’arcade célèbres), ils permettent tout de même de se distraire intelligemment et de varier les plaisirs. Un bon point, d’autant que certains mériteraient presque d’exister en stand-alone sur la console tant ils sont accrocheurs ; mention spéciale au Puzzle Bobble-like, très sympa, qui nécessite une bonne visée et qui permet quelques subtilités à l’écran tactile, comme l’envoi des « briques » avec un effet brossé ! Hélas, les parties sont conçues pour ne durer que quelques minutes tout au plus. On se serait bien vu passer des heures entières sur certains…
Pour résumer…
La mouture PS Vita de LBP est indéniablement un excellent jeu, à la réalisation exemplaire, et à la finition rarement vue pour un « simple » jeu portable. Evitant le piège de la simplification dans lequel était tombé le volet PSP, il conviendra aussi bien aux courtes sessions de jeux nomades qu’aux plus longues parties chez soi. Les apports, bien qu’à la marge, sauront satisfaire les plus gros fans de la licence. Enfin, si vous n’avez jamais joué à LBP, il fera un excellent épisode d’initiation.
Un bilan idéal donc ? Eh bien non. Difficile, malgré les efforts évidents déployés par Sony et une impression globalement positive, d’occulter le manque d’évolution de la série : celle-ci continue à souffrir des mêmes défauts, notamment une durée de vie toujours aussi anémique en mode Histoire (constitué de cinq courts mondes, traversés en quelques heures). C’est bien peu face à ses principaux concurrents dans le genre « plateforme en multi », tels que Rayman Origins et New Super Mario Bros.
Le passage en ligne sera obligé pour prolonger l’expérience de jeu… Mais ne boudons pas notre plaisir, après tout, LBP vaut avant tout pour sa customisation hors normes. Et sur ce point, impossible d’être déçu. Qu’on se le dise !
[box type= »info »]Captures d’écran réalisées par le testeur[/box]
Je me le prendrai dès que j’aurai retourné mes 89 autres jeux précédents… OH WAIT.