Enfin ! Le jeu vidéo est bien souvent abordé au cinéma sous un angle péjoratif et réducteur. L’heure est-elle venue à la revanche ? Cette année, Disney prend des risques en plaçant son habituel film d’animation de fin d’année dans un univers atypique : celui des jeux vidéo. Ralph est le grand méchant du jeu Fix-It Felix depuis maintenant 30 ans. Lassé de ne pas être respecté par ses pairs, notre anti-héros va alors quitter son jeu et partir en quête de reconnaissance dans sa salle d’arcade…
Faire un film sur les jeux vidéo ; n’y avait-il pas meilleur moyen pour s’attirer les foudres d’une fanbase soucieuse de l’image donnée de leur loisir favori ? Bien heureusement, le réalisateur Rich Moore a su gérer son sujet avec soin et le milieu vidéoludique est traité avec minutie – et surtout avec amour. Avec l’appui de nombreux clins d’oeil et autres excellentes références, le film possède un souci du détail pour proposer le meilleur spectacle possible pour tous les amateurs de jeux. La recherche constante d’authenticité est à saluer et est présente sur de nombreux domaines – au delà de son excellent casting vocal (le quatuor vocal est composé en VO de John C. Reilly, Sarah Silverman, Jane Lynch et Jack McBrayer), Wreck-It Ralph contient les doubleurs les doubleurs officiels des personnages de jeux vidéo faisant une apparition dans le long-métrage. La cerise sur le gâteau.
Avec tout ce bagage quantitatif et qualitatif, Les Mondes de Ralph devrait être brillant. Mais en s’attardant trop sur ses références, le film s’enferme dans son propre jeu (!) en misant trop sur cet aspect, négligeant son maigre scénario, se basant principalement sur la fade relation entre les personnages de Ralph et Vanellope. Cette histoire sans surprise semble trop compter sur son vernis jeu vidéo – les plus jeunes y trouveront leur compte mais les plus exigeants d’entre nous resteront sur leur faim.
Les Mondes de Ralph sont au nombre de quatre : Fix-it Felix Jr., Hero’s Duty et Sugar Rush sont respectivement des pastiches de Donkey Kong, Gears of War et Mario Kart, tandis que la gare centrale des jeux reprend librement Grand Central à New York. Ces univers sont travaillés, fourmillent de détails et sont chatoyants. Or, le film se centre surtout à Sugar Rush, le moins convaincant et le plus « facile » d’entre eux. Vu toutes les possibilités que le film offre en matière d’univers, une sensation de facilité et de gâchis de potentiel se fait ressentir. Peut-être est-ce que Disney réserve certaines idées au chaud pour d’éventuelles suites, mais cette stratégie ne fait pas honneur au film en tant qu’oeuvre seule.
Les Mondes de Ralph sonne malheureusement bien creux. Passé ses irrésistibles références au milieu vidéoludique qui peuvent souvent paraître comme trop élitistes pour le grand public, le film déçoit par son scénario manquant d’ambition et s’enfermant dans un déjà-vu indigne vu l’incroyable potentiel de son thème. Il restera une valeur sure pour les gamers en quête d’un bon divertissements jonché de clins d’oeil qu’eux seuls sauront déceler, pas plus.