On a joué à la PS4

Un peu plus d’un mois avant sa sortie officielle, nous avons eu l’occasion de tester la PlayStation 4, lors d’un événement organisé par Sony vendredi dernier, à l’#appartement4. Quelques heures nous auront permis de nous faire une assez nette première impression sur le hardware, ainsi que sur les jeux de lancement…

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Pad soucis

Élément central d’une console à mon sens, le gamepad se doit d’être bien pensé, jusque dans les plus petits détails, pour être aussi ergonomique, agréable et polyvalent que possible. Nintendo ayant renoncé à la course à la manette parfaite pour se concentrer sur des accessoires gadgets clinquants, il ne reste plus que Sony et Microsoft pour se livrer une concurrence acharnée à ce sujet…

Autant le dire tout de suite : j’alimentais d’énormes doutes sur la Dualshock 4, manette par défaut de la PS4. Avec celle-ci, Sony renonce aux boutons 100% analogiques qui ont fait sa marque de fabrique depuis la Dualshock 2 ; et alors que les premiers rendus du pad renvoyaient une image assez bas de gamme, je craignais une qualité et une finition loin de ce à quoi Sony nous avait jusque là habitués.

Comme un homme, ce n’est qu’une fois la chose prise en main et longuement tâtée que j’ai pu me faire un avis. Et mes craintes se sont effacées ! La Dualshock 4 est de loin la meilleure manette conçue par Sony. Elle semble légèrement plus grande que sa grande sœur, mais c’est un trompe-l’œil ; les dimensions sont quasiment équivalentes. En réalité, Sony a surtout beaucoup travaillé sur la forme des deux branches permettant de tenir la manette, ce qui lui confère un équilibre évident en mains. Le poids est également très similaire à une Dualshock 3, peut-être un poil plus lourd, mais rien de réellement remarquable sans avoir les deux sous la main pour comparer…

La perte de l’analogique sur les 4 boutons d’action principaux se sent à peine ; désormais légèrement plus arrondis, ils opposent un peu plus de résistance, mais parviennent à conserver une souplesse (marque de fabrique des boutons Sony) qui me semble être un bon compromis. Plus gros défaut des Dualshock jusqu’à maintenant, les sticks analogiques se parent enfin d’une surface antidérapante, et arborent un anneau en relief pour que vos doigts adhèrent parfaitement et ne laissent plus glisser le stick dans les moments critiques. Un peu trop lestes par le passé, ils semblent désormais opposer un peu plus de résistance, ce qui permet une plus grande précision : les fans de FPS seront ravis. Enfin, les gâchettes sont totalement revues, en particulier L2 et R2 ; elles sont désormais courbées pour épouser la forme du doigt, et opposent moins de résistance tandis que leur pas de course est plus important, plus proche de ce qu’on voit sur les gâchettes de la Xbox 360 en somme. Cela évitera les crampes qu’on pouvait ressentir lors de sessions prolongées sur des jeux de course sur PS3…

Seul regret, je n’ai pas eu l’occasion de tester l’énigmatique pavé tactile cliquable situé au milieu de la manette, et je reste sceptique sur son utilité réelle en jeu au vu de sa petite taille. J’ai peur qu’il s’agisse d’un gimmick et que son utilisation se cantonne à quelques démos techniques et jeux de lancement avant de tomber dans l’oubli, tout comme la fonction Sixaxis sur PS3 finalement.

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C’est l’histoire d’un rhomboèdre coupé en deux…

Difficile de « tester une console » à proprement parler, d’autant que l’événement mettait en avant une sélection de jeux de lancement (cf ci-dessous pour des impressions plus détaillées). Je pourrais vous dire que le design de la bête ne m’a fait ni chaud ni froid ; il est élégant, moderne mais aussi relativement quelconque. Comme souvent, on découvrira les réelles possibilités de la machine le jour J et pas avant : possibilités de partage social et d’enregistrement de vidéos, etc.

Je ne me suis pas gêné pour aller faire un petit tour dans les menus de la console (sans savoir vraiment si c’était autorisé, mais vous me connaissez : s’il y a l’occasion de fouiner…). Première constatation ; à la moindre pression sur la touche PlayStation, l’OS de la console surgit. Le petit temps de latence auquel on s’est tous habitués sur PS3 n’est plus là, c’est d’une réactivité exemplaire — encore heureux, me direz-vous, mais c’est toujours bon de le rappeler après le désastre de la Wii U…

Les menus en eux-mêmes ne dépayseront pas outre-mesure les habitués. Contrairement à ce qu’on pourrait penser au vu des premières images et vidéos officielles, on reste très proche du menu XMB utilisé sur PS3, PSP, ou sur certaines télévisions Sony ; on défile toujours d’une catégorie à une autre de gauche à droite, puis entre les différentes options de haut en bas. Beaucoup d’éléments, ergonomiques et graphiques, évoquent en revanche plutôt la PS Vita. Au final le tout n’est ni déroutant, ni révolutionnaire. Un petit tour dans les paramètres système ne m’a rien révélé de très instructif, dommage !

C’est quand qu’on joue ?

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Tout cela est très beau mais je vous vois déjà, à travers l’écran, gromeller : « Yoann nous vomit encore des pavés de textes techniques dont je me contrefous, et les jeux alors ? ». Sois rassuré cher lecteur, malgré ton manque flagrant d’éducation et de sens de la politesse, j’entend tes griefs ; on y arrive.

Si je n’ai décidé de ne consacrer que la deuxième partie de mon dossier aux jeux, c’est principalement parce que le line-up présenté sur PS4 ce vendredi était plutôt faiblard. Je n’ai pas tari d’éloges sur les qualités hardware de la bête, mais du côté des jeux de lancement, je suis on ne peut plus sceptique… laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Il y a tout d’abord #DriveClub (oui, avec un hashtag). Une simu automobile conçue par Evolution Studios, des développeurs spécialisés dans les jeux de course puisqu’ils ont créé la série des WRC avant de donner naissance à une licence phrase de Sony : MotorStorm. On leur trouvera donc d’autant moins d’excuses devant ce travail de bûcheron qu’on dirait bâclé en six mois pour être présenté à temps à la presse et dispo en day one sur PS4 ; on ne sait sur quoi s’arrêter devant des véhicules customisés affreux de laideur, des décors peinant à se hisser au niveau de PGR4 (2007), une conduite savonneuse infernale qu’on dirait tirée d’un mauvais jeu de rallye, une gestion des dégâts inexistante, des bugs improbables et une jouabilité hachée par une IA qui vous replace au milieu de la route au moindre pet de travers… Devant les écrans, parmi les joueurs, la gêne était palpable. Le tout sortira en concurrence directe avec l’énorme Forza Motorsport 5 sur Xbox One, et autant dire tout net que #DriveClub ne tient pas la comparaison une seconde. Pire encore, seuls deux petits mois le séparent de la sortie de Gran Turismo 6 qui, bien que sortant sur PS3, ne manquera pas de lui mettre misère tant ludiquement que visuellement.

Vite, on passe à Knack qui est l’autre grand jeu de Sony lors de cette présentation. De la part du Japan Studio, on est en droit d’attendre un titre original et de qualité… Knack est décrit par ses créateurs comme une sorte de croisement entre God of War, Katamari Damacy et Crash Bandicoot. Il faut avouer que cette description colle assez bien au jeu ; dans ce beat’em all, le personnage éponyme cogne tout ce qui bouge avec un bouton de coups, un stick droit pour l’esquive, et quelques super-coups à balancer lorsque votre jauge est pleine. On collecte au fur et à mesure de nouvelles pièces faisant évoluer et grandir Knack, jusqu’à devenir au fil des niveaux un monstre de la taille d’immeubles. De temps en temps, on peut chopper un véhicule et le balancer sur les adversaires… Cela reste assez simple et familial, et il me semble percevoir une influence Skylanders sur le chara design général. Je ne mentirai pas en vous disant que Knack était le jeu le plus fun de la soirée. Néanmoins, on est loin d’un chef-d’œuvre, et la démo présentée accusait encore un manque de finition évident — certains passages souffraient d’importants ralentissements, et des ajustements dans la gestion des sauts seraient les bienvenus.

Je passerai plus rapidement sur les autres titres présentés. FIFA 14 n’est rien d’autre que le jeu que vous connaissez déjà, récemment testé dans nos colonnes, doté d’un upgrade graphique vaguement perceptible. Contrast, un des quelques jeux indépendants jouables, ne semblait pas aussi séduisant pad en main qu’il l’était sur le papier. Enfin, Assassin’s Creed IV: Black Flag n’est ni vraiment moche, ni vraiment beau sur PS4 ; il se contente d’être fluide et de proposer le même gameplay suranné qu’Ubisoft nous assène depuis trop longtemps maintenant, accentuant les soporifiques phases « GTA en haute mer » précédemment introduites dans la licence.

Reste Killzone: Shadow Fall, qui était le seul jeu de la soirée à ne pas être jouable, mais uniquement présenté par un démonstrateur. Je sais que cette licence a ses amateurs, mais soyons clairs, je n’en fais pas partie. Et il y a peu de chances que ce nouveau volet corrige le tir ; passages scriptés téléphonés à souhait, gadgets surpuissants et IA d’huître parachèvent le tableau du FPS console moyen, vite bouclé, vite oublié.

PS4 : faut-il l’acheter ?

Cette question (à laquelle je ne répondrai pas directement, car ce n’est pas mon rôle, lisez plutôt Gameblog) nous amène à la conclusion de ce dossier. Je crois que vous l’aurez compris, si vous avez tout lu : Sony semble avoir admirablement bien conçu sa machine, qui souffre peut-être d’un excès de classicisme dans la gestion des menus, ce qui est une qualité ou un défaut selon votre point de vue. Le pad semble bien parti pour être une nouvelle référence, et j’attend encore de pouvoir tester son concurrent chez Microsoft pour me prononcer sur un éventuel gagnant.

Mais qu’est-ce qu’une console sans jeux ? Bien peu de choses… et de ce point de vue, Sony ne semble pas avoir fait le nécessaire. Seul le sympathique Knack se démarque ; pour le reste, on a le choix entre les habituels updates graphiques de jeux old gen, et on tentera d’oublier la pénible expérience #DriveClub. Rien qu’avec Forza Motorsport 5 et Dead Rising 3, la Xbox One semble bien mieux préparée pour séduire les joueurs, le jour J. Comme quoi, si la console de Microsoft a mauvaise presse, elle n’est pas aussi ridicule que certains joueurs veulent bien le croire.

Dans l’ensemble, ce qui choque, c’est qu’aucun jeu PS4 ne parvient réellement à créer le fossé graphique tant attendu ; la différence la plus notable est le passage à un affichage 1080p (contre le 720p de la plupart des jeux PS3), mais si vous vous attendiez à une claque graphique, ou au moins à quelque chose d’aussi impressionnants que sur les screenshots officiels (ci-dessus), vous en serez pour vos frais. La déception est renforcée par le fait que la PS3 crache ses tripes avec ses dernières productions ; je me souviens m’être fait la réflexion que le plus beau jeu auquel j’avais joué ce soir-là était Beyond Two Souls, chez moi, sur ma PS3…

Mais nous n’oublions pas non plus que la guerre des consoles est un marathon. Sony a pour coutume de continuer à alimenter ses consoles un certain temps (en témoignent les sorties de Rain, Beyond Two Souls ou Gran Turismo 6 sur PS3), quitte à mettre un certain temps à rentrer dans le bain de la next-gen. Ainsi soit-il — tout comme sa grande sœur, la PS4 semble tout à fait équipée pour tenir sur la durée, quitte à encaisser un démarrage difficile. On se donne rendez-vous dans un an pour en reparler…

Photos par Café Gaming
Images de jeux fournies par Sony

Anne Ferret

J'ai créé Café Gaming lors d'un moment d'égarement, il y a bien trop longtemps. J’aime SEGA, Tetsuya Mizuguchi et Rock Band ; je fais de la musique sous le pseudonyme Lucifer Cedex.

4 thoughts to “On a joué à la PS4”

  1. Sympa comme preview (et super sympa le slideshow de photos). J’ai une question technique : quand tu parles d’affichage 1080p pour les jeux, tu sais si les jeux ont été développés en 1080p natif ? Ou c’est juste de l’upscale par la télé ou la console, voire les deux ?
    En fait, PS4 ou pas, ça m’étonne que les jeux soient nativement développés en 1080p c’est tellement gourmand en ressource que je vois mal les dévs faire ça en sortie de machine, sauf pour se faire descendre à cause de baisses répétées et évidentes de framerate.

    1. A priori tout ce que j’ai vu était en 1080p natif. Les écrans étaient grands, et même en s’y collant, difficile de trouver la moindre trace d’aliasing trahissant une résolution native inférieure à la résolution d’affichage. À vrai dire, sur FIFA, seule cette netteté m’a permis d’être sûr qu’on était bien sur PS4 et pas sur current gen 😉

  2. Mais que ça fait plaisir de lire un compte rendu comme celui là, concis, bien écrit et surtout sans langue de bois….Avez vous pu tester la Xbox One lors de l’event spécial sur Paris ? Merci

    1. Non, suite à de vieux problèmes avec Microsoft (dont la boîte de comm de l’époque n’aimait pas trop le ton critique de certains articles, notamment…), nous ne sommes plus partenaires avec eux. Et donc invités nulle part…

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