C’est dans un cadre bien éloigné des habituels showrooms presse que votre serviteur a pu mettre la main sur Guitar Hero Live : des bornes du jeu étaient en effet accessibles librement le week-end dernier au festival Rock en Seine…
Au sein du magnifique domaine national de Saint-Cloud, par un temps suspicieusement radieux, entre deux concerts de Kasabian, The Libertines, ou The Chemical Brothers… le tout sans aucun attaché de presse par-dessus ton épaule à surveiller tes moindres faits et gestes, sans blogueur stupide à tes basques et sans foule de pique-assiettes attirés par le buffet. On ne pouvait rêver mieux pour une première prise en main sur ce Guitar Hero Live. Au total, sur les trois jours de festival, j’ai pu m’essayer pendant près d’une heure à ce jeu dont je mourais d’envie de me forger une véritable opinion.
More than a Feeling
Vous le savez peut-être si vous avez déjà parcouru mon dossier sur le retour des licences Guitar Hero et Rock Band, mon cœur a plutôt tendance à pencher du côté de cette dernière, essentiellement suite à la politique de boutique de DLCs mise en place par Harmonix, qui fait de Rock Band une sorte d’iTunes du jeu vidéo. La perspective de pouvoir réutiliser ses instruments de la génération précédente, ainsi que tous ses morceaux déjà achetés sans repasser à la caisse, n’est pas négligeable. Et la disparition de la notion même de groupe (plus de batterie) dans Guitar Hero avait de quoi refroidir. Oui, mais voilà : l’argument maître de ce Guitar Hero Live, c’est son nouveau gameplay, avec une guitare alignant deux rangées de trois frettes (une en haut, une en bas). Un vrai gamechanger.
La version démo ne proposait que trois pistes : « Gold on the Ceiling » des Black Keys (parfait pour se faire la main sur le titre), « My Songs Know What You Did In The Dark (Light Em Up) » de Fall Out Boy (inintéressant au possible) et « King For A Day » de Pierce The Veil (idéal pour s’essayer à des riffs plus rapides, typés metal).
On commence doucement par les Black Keys. Premier constat : les habitués aux Guitar Hero old school ne mettront pas longtemps à s’habituer au nouveau gameplay. Les frettes blanches sont celles du bas, et celles en noir celles du haut de la guitare. Lorsque des frettes contiennent un éclair, elles remplissent votre jauge de « Hero Power », le nouveau nom du Star Power. Le système de multiplicateur n’a pas changé d’un iota. Bref, on est en terrain connu.
Initialement, ce qui surprend même, c’est l’apparente facilité du titre. Trois boutons horizontaux, c’est très peu. On peut jouer avec l’index, le majeur et l’annulaire sans jamais avoir besoin de se déplacer sur le manche, comme dans GuitarFreaks ! Il faut donc s’habituer à réfréner ses ardeurs, on a tendance à vouloir en faire plus que nécessaire. Après le tour de chauffe nécessaire pour prendre ses marques, on s’ennuie ferme.
Bon, passons tout de suite en difficulté expert. Et c’est là que le véritable intérêt du jeu apparaît comme une évidence : les accords. Bon sang mais c’est bien sûr. De nouvelles notes apparaissent : des blocs bicolores blanc et noir, qui signifient que vous devez presser les deux boutons de la même rangée en même temps. Activision a également eu la bonne idée de recycler la « barre » qui vous oblige à gratter avec toutes les frettes à vide, une idée initiée dans les partitions de basse de Guitar Hero World Tour. Imaginez maintenant devoir combiner tout cela ensemble… et, à haute vitesse, cela promet d’une difficulté assez vertigineuse. Je n’ai hélas pas trouvé de screenshot illustrant bien mon propos, Activision ne diffusant comme d’habitude que des extraits de gameplay à la difficulté moyenne pour n’effrayer personne. Mais pour vous donner une idée, vous pouvez avoir à gratter avec trois ou quatre cases remplies simultanément.
Les développeurs de FreeStyleGames l’avaient annoncé, leur objectif était de rendre le jeu plus accessible aux néophytes avec un gameplay à trois boutons — de ce point de vue, c’est réussi, on s’ennuie ferme — et une expérience plus ardue à maîtriser dans les niveaux de difficulté élevés, se rapprochant plus des véritables accords joués par les guitaristes. Ces derniers s’amuseront effectivement de voir les partitions du jeu singer de véritables doigtés courants : power chords, barrés (ouille), etc. En main, les sensations sont excellentes. Pour peu que vous suiviez !
Time to Pretend
Au rang des reproches, on peut déplorer les choix d’interface opérés par FreeStyleGames. Si on ne pourra pas se tromper de touche à jouer, les hammer-on et pull-off (notes qui peuvent se jouer sans gratter le mediator), signalés par un discret halo bleu entourant la note, sont en revanche plus faciles à rater sur une partition chargée. D’une manière générale, la volonté de retirer totalement les couleurs de l’interface de jeu aseptise beaucoup le contenu et je ne suis guère convaincu par le résultat.
C’est plus anecdotique, mais l’aspect photoréaliste du jeu, qui remplace vos avatars 3D par des prises de vues réelles en « vue subjective », m’a paru assez rebutant. Le système n’est pas trop mal pensé : plusieurs versions de la vidéo ont été tournées pour chaque chanson, et en fonction de vos performances, le jeu passera de l’une à l’autre via un fondu plus ou moins discret. Ainsi, les réactions de la foule et des membres du groupe correspondent à la manière dont vous jouez. Mais on perd toute notion de personnalisation dans l’opération, le sentiment d’immersion désiré ne marche pas du tout et, soyons honnêtes, les acteurs embauchés pour jouer avec force cabotinages vos compagnons de scène ou le public en folie vous donneront vite des envies de gifle… Au bout de la troisième ou quatrième partie sur le morceau des Black Keys, croyez-moi, vous ne pourrez plus encadrer ce visage.
On pourra aussi noter que du côté de la playlist jouable, si Activision dispose assurément de meilleurs contacts chez les majors qu’Harmonix, avec un nombre de morceaux assez impressionnant au lancement, il n’y a pas de quoi se réjouir : on compte une quantité non-négligeable de morceaux pop US pour ados peu ragoûtants (Fall Out Boy, Green Day, OneRepublic, My Chemical Romance, Bullet for my Valentine…). Mais il serait également de mauvaise foi d’ignorer la présence de gros calibres tels que Rush, Queen, Megadeth, Red Hot Chili Peppers, Dream Theater, Rage Against the Machine, etc. C’est plutôt l’éclectisme qui surprend puisqu’on trouve quelques morceaux plus indés et/ou intimistes qu’on n’aurait jamais imaginé dans un tel jeu (Alt-J, Angus and Julia Stone) et même de l’électro totalement inadaptée au demeurant (Skrillex, Calvin Harris) !
Au total le site officiel promet plus d’une centaine de morceaux jouables « day one ». On attend maintenant qu’Activision clarifie sa position sur les morceaux qui seront réellement présents sur le disque, donc sélectionnables et jouables indéfiniment, et ceux qui ne seront proposés que par le biais du nouveau mode GHTV en ligne — sans possibilité de les sélectionner et avec le risque qu’ils disparaissent à tout moment du service.
In The End
Je ne pensais pas avoir l’occasion de passer autant de temps sur Guitar Hero. Amoureux de longue date de la grande famille des jeux de rythme, j’ai été complètement conquis par les sensations de jeu et les possibilités offertes par le gameplay à 3×2 boutons (je suis d’accord avec vous, cela ressemble à une phrase sponso sauce Gameblog, mais vous nous connaissez, ce n’est pas le genre de la maison).
Le grand duel Rock Band 4 vs. Guitar Hero Live n’aura donc, en ce qui me concerne, pas lieu. Il me faudra les deux. Rock Band 4 pour son côté party game et son catalogue de morceaux optionnels inégalable ; Guitar Hero Live pour son gameplay à la guitare terriblement bien pensé et addictif. Mon compte en banque n’a pas fini de crier famine…
Ca a l’air cool, les concerts vont pouvoir reprendre ! Mais qu’à la guitare…
FSG veut pas replonger dans un nouveau DJ Hero ? 😀